A l’adolescence, j’avais une amie connue au catéchisme, qui m’invita chez elle. Je fus surprise en arrivant dans cette famille du partage qu’il y avait entre eux. Il n’y avait pas de sujets tabous et le père parlait à sa fille sans retenue, avec gaieté. Entre son jeune frère et elle, le dialogue existait et même les années passant ce lien existe toujours. Ils avaient une complicité entre eux que je n’ai jamais connue chez nous. Les petits secrets entre frères et sœurs à l’abri des regards des parents, je n’ai pas la sensation d’en avoir vécu. Peut-être parce que j’étais la dernière ?
Evidemment, il y avait du respect pour nos parents. Devenus adultes, nous nous sommes bien rapprochés de maman, pris soin d’elle dans sa vieillesse, du mieux que nous avons pu. Ce que désirait maman : c’est qu’après sa mort, nous ne perdions pas le contact entre nous. Aujourd’hui, nous essayions un maximum de nous voir, mais parfois, il manque un petit plus.
Quoique en prenant de l’âge et malgré que chacun ait sa « petite vie », les barrières tombent et le dialogue est autre par rapport aux années passées.
Mais mon contact avec l’extérieur s’en ressent encore aujourd’hui. Je ne suis pas à l’aise avec « les autres ».
Je sais que j’ai occulté beaucoup de choses de mon enfance, de mon adolescence mais je n’ai pas souvenir d’avoir réellement parlé avec mes frères et sœurs des problèmes familiaux.
Ce n’était que des brides…
Maman a tellement voulu préserver le climat familial, que tout était caché. Ce qui nous a permis, en tout cas pour moi, de traverser une enfance sans trop de heurts car je n’étais pas consciente de ce qui se passait. Etait-ce ma place de dernière de la fratrie qui voulait cela ?
Quoique en creusant un peu aujourd’hui, je me dis que finalement les problèmes étaient latents et j’en subissais les conséquences sans le savoir.
