Depuis la nuit des temps,
C’est-à-dire, depuis très longtemps,
J’existe et je suis là,
Dans cette prairie,
Où autour de moi, grouille la vie.
Les oiseaux s’épanchant
Sur mon courant.
Quelle joie !
Les papillons virevoltant
Tout près des nénuphars,
Les libellules jouant en passant
D’une rive à l’autre,
Quelle grâce !
J’aime entendre le clapotis
e l’eau qui donne la vie
Au règne végétal, animal.
Je ne suis qu’un ruisseau
Mais si fier de voir se courber
Les branches des arbres
Dont les racines s’abreuvent en moi.
Ma douce chanson attire
Toutes les âmes qui ont soif de vie
Alors toute crainte s’estompe
En admirant l’horizon.
J’aime sentir le vent
Courir sur mes flots,
Impression de liberté
Qui m’entraîne dans la vallée.
Mais, quel est ce bruit horrible, ce fracas
Pourquoi mes amis les arbres
Tombent-ils ?
Mais, que vous arrivent-ils ?
Pourquoi fait-il si noir ?
Je sens la vie qui se meurt en moi.
Je suis enfermé et gagné par
Une oppression qui m’enveloppe
De plus en plus en forte…
Mes amies les biches,
Comment feront-elles pour se désaltérer
A la source de la vie ?
Toute vie a disparu, effacée,
Le ciel est devenu noir
Jusque dans l’éternité…
Même les plus forts n’ont pu résister…
A cette machine infernale
Qu’est l’homme avec son soi-disant « savoir »
Qui n’a de cesse de tuer la vie
Et ne procure que le désespoir.